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My tribute

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2 octobre 2004

Les parents

Cela n'a pas grand chose à faire dans ce blog, mais je ne peux pas résister à la tentation de reproduire ici un passage d'un livre que j'aime énormément (le passage).

A quoi peut-on bien reconnaître des parents? A ceci qu'à table, alors que vous vous situez dans une telle merde que vous n'êtes bien qu'à leurs côtés, ils vous demandent si vous revoulez des frites. De vrais parents ne posent pas d'autres questions. Ils savent. Secours de première nécessité. Juste "mange un peu", "repose-toi quelques heures", "ne prend pas froid". On a beau sentir que ça les démange d'en savoir plus, ils claqueront sur place plutôt que de l'ouvrir là-dessus. Les parents se taisent et déposent des manteaux chargés d'amour sur vos cicatrices. Ce n'est pas que ça résolve quoi que ce soit, juste que ça réchauffe. Le plus drôle est qu'à soixante-douze reprise, ils vous ont mis en garde sur ce qui vous a planté, précisément. Et qu'ils agissent comme si vous n'y étiez pour rien, malgré tout.

Nicolas Rey - Mémoire courte 

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19 septembre 2004

Libé quoi ?

Une petite réaction suite à l'intervention de notre cher Premier Ministre, M. Raffarin, ce soir sur TF1.

Jean-Pierre Raffarin est issu, doit-on le rappeler, de Démocratie Libérale, mouvement fondé par Alain Madelin, et dont le seul nom donne une bonne idée des orientation politiques, voire idéologiques.

Et pourtant, ce soir, Raffarin a demandé aux entreprises de faire des efforts pour l'emploi, de baisser leurs prix (aux distributeurs, aux assureurs, aux opérateurs mobiles), et de s'associer au "pacte 2005 pour le pays". Tout en annonçant une hausse de plus de 8% du Smic.

Sans juger sur le fond, c'est tout de même une drôle de politique libérale !

11 septembre 2004

A petits pas

L'Europe progresse, mais comme toujours, à petits pas...

Une information est passée un peu inaperçue dans l'actualité chargée de cette semaine : l'Eurogroup, instance regroupant les Ministres des Finances des pays ayant adopté l'euro, a désigné un président, en la personne de Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg.

Jusque là, de nombreux gouvernements, et notamment l'Allemagne, s'y étaient opposé, craignant pour l'indépendance de la BCE. Mais le manque de contrepoids politique devenant de plus en plus flagrant, ils s'y sont résolus. Reste à savoir quel poids réel aura ce président, et de quels moyens il pourra user pour réussir à coordonner les initiatives des différents pays, et surtout pour éviter que chaque pays donne son avis publiquement, résumant ainsi son rôle à celui d'un porte-parole.

Finalement, le problème qui se pose est le même que pour la Commission ou un futur président de l'Union : son pouvoir ne peut s'affirmer que par l'affaiblissement du pouvoir de ceux qui l'ont désigné, et qui peuvent donc le "démissionner". Pour que cela marche, il faudrait que tous les ministres ou les gouvernements acceptent d'abandonner une partie de leurs prérogatives à un autre.

Quand on observe - notamment en France - l'énergie qu'ils déploient pour gagner ce pouvoir, on s'imagine assez bien qu'ils ne vont pas vouloir le lâcher de sitôt...

10 septembre 2004

Bravo Laurent !

Laurent Fabius a bien fait durer le suspense et fait monter la mayonnaise avant de donner sa position sur le projet de Constitution Européenne.

Et bien quelle déception : " S'il y a une vraie réorientation de la politique européenne en faveur de l'emploi et contre les délocalisations, tant mieux pour le traité. Sinon, je pense que ce sera non " (Le Parisien, 10/09/2004). C'est vraiment s'emparer d'un thème porteur et démagogique - l'emploi et les délocalisations - dont on parle beaucoup dans les médias ces temps-ci, pour justifier une position purement politicienne. Ca n'enlève rien à l'importance du sujet en question, mais c'est hors-sujet : le sujet, ici, c'est la construction de l'Europe, au cas ou M.Fabius, Premier Ministre de François Mitterand, l'aurait oublié...

Ca lui permet évidemment d'imposer sa voix au landernau médiatique et de se poser en opposant à la fois au gouvernement et à son propre parti. Le tout sur le dos de l'Europe, qui a besoin de cette Constitution, et que les hommes politiques, de droite comme de gauche, ont bien malmené. 

24 août 2004

Turquie dans l'Europe : un choix politique

Quand il s'agit de débattre de la place - ou non - de la Turquie dans l'Europe, les commentateurs comme les hommes politiques essaient de trouver un "critère" de sélection au delà des critères de Copenhague, qui permettent à tous les pays développés (Japon compris) d'intégrer l'Union Européenne. Pourtant, aucun de ces critères ne résiste à une analyse minutieuse :

  • Le critère géographique : l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural et au Bosphore. Ce serait bien pratique pour éliminer la Turquie, dont seulement 3% de la superficie se trouve ainsi en Europe. Le Bosphore n'a pourtant jamais été une frontière, difficile donc de dire que c'est la frontière de l'Europe. Et Chypre, entrée dans l'Europe il y a 4 mois, est sur le même méridien qu'Ankara, capitale de la Turquie !
  • Le critère religieux : la Turquie est à 98% musulmane, alors que l'Europe est majoritairement chrétienne. Mais la Bosnie et l'Albanie, dont personne ne pourrait refuser légitimement l'entrée dans l'Europe - une fois la situation politique et économique stabilisée évidemment - sont aussi des pays musulmans. Et de nombreux pays, en premier lieu la France, ont d'importantes minorités musulmanes, sans que le "choc des cultures" ne soit le problème principal de leur intégration.
  • Le critère culturel : "la Turquie n'appartient pas à la culture européenne". Faut-il rappeller que jusqu'en 1926, la langue de l'administration turque était le français? Qu'Atatürk a pris modèle sur les pays européen pour donner un visage moderne à la Turquie? Que les échanges entre les pays d'Europe et l'Empire Ottoman puis la Turquie n'ont jamais cessé depuis le moyen âge, à coups d'échanges commerciaux, d'alliances, et de guerres? La culture Turque est-elle vraiment plus éloignée de la culture française que ne l'est la culture finlandaise de la grecque?

Bref, aucun de ces critères ne permet d'inclure ou d'exclure la Turquie de l'Europe. Ca aurait évidemment été un bon moyen de dire non à l'entrée de la Turquie, sans risquer de froisser trop de monde. Mais cette fois, les hommes politiques se retrouvent face à eux-mêmes : la question de la Turquie dans l'Europe se résolvera par un choix politique, et rien d'autre.

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23 août 2004

Retour de Turquie

Retour de 15 jours de vacances en Turquie : l'occasion d'évoquer, aujourd'hui et les jours à venir, une question à laquelle je m'intéresse beaucoup : la position de la Turquie en Europe.

J'ai commencé par me rendre dans l'Est de la Turquie, pour le mariage d'une amie : à Van exactement. Regardez sur la carte, c'est à 100km de l'Iran et 150 de l'Irak. Le fin fond de la Turquie en quelque sorte. Et bien j'ai été très surpris : les routes sont en bon état, la ville n'a rien de séduisant, mais elle est tout à fait "normale", avec immeubles, magasins et centres commerciaux. Même dans les villages perdus dans les montagnes, les portables captent ! Très très loin de l'image d'une région sous-développée que j'imaginais jusque-là. Je suis persuadé que dans la campagne polonaise, ou même dans l'arrière pays grec (2 pays déjà dans l'Europe), on peut retrouver des paysages urbains relativement semblables, pour ceux qui trouveraient la Turquie pas assez développée pour entrer dans l'Union Européenne : économiquement - et économiquement seulement pour l'instant - elle pourrait rentrer dans l'Europe dès demain.

Et alors sur la côte de la Mer Egée, à Bodrum très exactement, c'est carrément la côte d'Azur. Avec quelques spécificités locales évidemment, mais les bars et restaurants branchés, les plages privées, les boutiques de luxe (pas toujours authentique cependant...), et les jolies filles, pas du tout voilées, sont là ! Très loin encore une fois de l'image traditionaliste et sous-développée de la Turquie.

Finalement, à première vue, pas grand chose ne distingue la Turquie d'autres pays européens. Même le voile - question qui soulève tant de débat - est plus une tradition qui se perd progressivement (dans l'Est en tous cas) qu'une volonté ostentatoire, en dehors d'une minorité islamique qu'il ne faut pas nier. Bien sûr, il y a d'autres paramètres à prendre en compte, mais nous en parlerons demain...

3 août 2004

Flagrant délit !

Finalement, les médias français ne sont pas aussi unanime que je pensais concernant les élections américaines...

C'est amusant de remarquer le traitement de l'information concernant l'élévation du niveau d'alerte terroriste à New York. Alors que Libération, ce matin, rapportait la réaction d'Howard Dean mettant en doute la réalité de la menace, et analysait la position des démocrates, Le Figaro annonçait que "les démocrates (...) n'ont cette fois émis aucune critique". Simple sélection ou légère déformation de l'information ?

Il faut remarquer que le correspondant de Libé doutait dès ce matin, sur son blog, de la réalité de cette menace terroriste, et suggérait une volonté politique de provoquer un état de tension. Ce qui semble se confirmer ce soir au vu des dernières dépêches. Le Figaro serait-il donc pro-Bush et pro-Chirac en même temps (est-ce seulement possible) ?

 

PS : je pars en vacances demain, et donc ne vais plus alimenter ce blog, juste après l'avoir commencé. Mais je repars de plus belle dans 15 jours.

1 août 2004

Musique en ligne : cette fois, les lobbys ont gagné

Cela ne vous a sans doute pas échappé : une charte pour la "lutte contre la piraterie numérique" vient d'être adoptée par l'Etat, la Sacem, les représentants des auteurs et les FAI. Au programme : envoi de mails d'avertissement par les FAI à leurs abonnés, possibilité de déconnexion sur requête d'un juge (mais on peut s'en passer de manière préventive...), poursuites pénales. De quoi réprimer dans les plus brefs délais toute envie de télécharger un mp3 pour la plupart des internautes, et me faire réagir.

Sur le fond, tout d'abord. Le téléchargement de mp3 existe au moins depuis 5 ans. De manière confidentielle pour commencer, avant que cela ait, depuis un peu plus d'un an, un impact réel sur les ventes de disques, et donc les revenus des maisons de disques. Pourquoi attendre 5 ans pour réagir ? Comme l'ont très bien analysé plusieurs journalistes (et notamment l'excellent dossier de Libération du 24/01/2004), le mp3 est un format que les majors n'ont pas vu venir, et surtout, pour la première fois, ne maîtrisaient pas, à la différence du CD notamment (développé par Sony et Philips, alors propriétaire d'EMI). Les attaques étaient au début plutôt concentrées sur la copie de CD, qui devait paraît-il tuer la musique.

Lorsque le mp3 - et surtout l'échange de mp3 - a réellement commencé à se développer, en 2000-2001, les majors ont commencé à réfléchir à une offre payante, ce qui correspondait finalement au business model habituel sur Internet (d'abord gratuit, ensuite on passe à la caisse). Ces plate-formes ont fait un bide complet, principalement du fait de formules d'abonnement (s'abonner à la musique?) aux prix prohibitifs, et d'un catalogue limité aux artistes d'une seule maison de disques, Universal et Sony respectivement, si je me souviens bien. Pourtant, une offre payante bien conçue aurait très certainement pu "décoller" à ce moment-là. Je me rappelle, étudiant à l'époque, que payer pour trouver certains morceaux, ne m'aurait pas choqué, et qu'un système ergonomique et efficace (le iTunes d'aujourd'hui) aurait sans doute fait des adeptes, et enrayé dès le départ le piratage musical.

Dans le même temps, je pense que les majors n'ont absolument rien compris au phénomène mp3. Le piratage a très certainement des effets sur la vente de disques, mais les gens n'arrêtent pas d'acheter les disques des artistes qu'ils aiment vraiment, ou en profitent pour aller à plus de concerts. Les morceaux qu'ils téléchargent sont; dans au moins 90% des cas, des disques qu'ils n'auraient jamais payé. Cela leur permet également de découvrir de nouveaux artistes, d'écouter des styles de musique différents, et en tous cas - ce qui devrait plaire aux majors - renforcer encore l' "ambiance musicale" dans laquelle nous baignons tous à chaque instant, et donc la consommation de musique.

En fait, les maisons de disque ont tardé à comprendre le phénomène mp3 chez les jeunes - et ne le comprennent toujours pas d'ailleurs, sont passées à côté et ont réagi tardivement et donc brutalement.

Sur le principe maintenant, il y a également à redire. Les maisons de disque cherchent évidemment, à travers cette "charte" et la lutte contre le piratage, à préserver leurs bénéfices et leur cartel sur ce marché. De la part d'une entreprise, c'est plutôt logique. Ce qui est moins logique, c'est que l'Etat intervienne directement. Si l'on reprend les arguments et la logique des libéraux purs et durs, "le marché régule tout", et l'Etat n'a donc pas à intervenir. Dans ce cas précis, le marché est profondément modifié par une innovation technologique, susceptible de remettre en cause leur position sur leur marché. Dommage pour elles, mais si l'Etat n'était pas intervenu, on pourrait imaginer que les FAI se seraient accaparé l'essentiel des revenus de la musique, via les abonnements d'accès à Internet, et que les auteurs auraient fini par trouver d'autres formes de revenu : exclusivité avec des FAI, concerts plus fréquents, etc. Les radios continuant à verser des droits, on peut estimer que leur survie comme l'éclosion de nouveaux artistes n'aurait pas été réellement menacée. Pour les "bons" en tous cas, la Star Academy aurait sans doute eu plus de mal...

Mais cette remise en cause fondamentale ne plaisait évidemment pas aux majors et à leurs patrons, dont on peut pourtant supposer la sensibilité (ultra?) libérale, et qui ne se privent pas pour réclamer une baisse de la TVA sur le disque, hurler contre les quotas de musique française à la radio, et toutes les charges diverses dont l'Etat les accable.

Mais heureusement, dans les moments difficiles, l'Etat est là.

31 juillet 2004

Et si Kerry perdait?

Belle unanimité dans les médias français. Même si cela est rarement explicite (encore moins à la télévision), on sent bien et on se doute que les journalistes soutiennent Kerry à fond. Réminissences de la controverse franco-américaine sur l'Irak, ajoutée à une arrogance bien française vis-à-vis du "texan" W. Et après-tout, mis à part Pierre Lellouche, Alexandre Adler et quelques autres, il y a peu de "bushistes" dans le paysage. Et personne ne s'en plaindra.

Mais du coup, vu de France, c'est presque comme si Kerry avait déjà gagné. Comme si à force d'espérer quelque chose très fort, ça devenait réalité. On en est loin. Les analyses abondent sur les défauts de John Kerry, les forces de Georges W. Bush, et l'état de l'électorat américain, coincé entre le 11/9 et Fox News (toujours vu de France). Tout semble montrer que rien n'est joué, et que tout se jouera dans quelques "swing states", des états clés qui peuvent basculer d'un côté ou de l'autre.

L'équilibre (ou le déséquilibre, selon le point de vue) du monde pendant les 4 prochaines années repose donc sur quelques électeurs indécis (qui a dit ignorants?) du fin fond de la Pennsylvanie. C'est plutôt inquiétant, et le pire, c'est que l'on n'y peut pas grand chose, même pas contribuer financièrement à la campagne. Mais au vu de ce que je sais de la politique américaine, et après avoir vu le discours de John Kerry lors de la convention démocrate (visible sur son site de campagne), c'est à mon avis très loin d'être gagné pour lui : ton monocorde, rapide, d'un orateur plutôt médiocre (qui passe donc mal à la télé, seul vecteur d'information électorale), un discours où il tente d'affirmer sa force en parlant de son expérience au Vietnam, mais qui parle aussi beaucoup du budget, de la sécurité sociale, sans formule "choc". Son air très "upper class" dont il n'arrive pas à se défaire... Cela séduira-il l'électeur de Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie ?

Le seul point positif si Kerry perdait, c'est qu'Hillary Clinton serait sans doute candidate, avec de bonnes chances d'être élue, en 2008. Après 4 nouvelles et longues années de W, certes, mais une femme à la tête de la première puissance mondiale, quelles que soient ses idées, ce serait quand même un joli pas en avant.

30 juillet 2004

Les politiques deviendraient-ils plus forts que les lobbys ?

A priori, non.

Et pourtant ! Dans la lutte contre l'obésité, et malgré un pressing acharné de la "Chambre syndicale nationale de vente et services automatiques", qui va même jusqu'à mettre sur son site Internet un argumentaire très détaillé, destiné à contrer point par point la proposition de loi, la CMP (Commission Mixte Paritaire, réunissant députés et sénateurs), a finalement décidé d'interdire les distributeurs de boissons sucrées et de friandises dans les établissements scolaires.

Les sénateurs s'étaient pourtant rangés à la quasi totalité des argument du lobby agro-alimentaire. Le démenti est donc flagrant et prouve, pour une fois, que les politiques peuvent prendre leurs responsabilités face aux entreprises.

Sur le fond, la loi est sans doute contestable, au moins en partie. Après tout, les friandises mangées au lycée ne représentent qu'une part modérée de l'alimentation des adolescents, et ne sont pas à elles seules responsables de l'obésité chez les jeunes (près de 20% des enfants de 10 ans sont en "surcharge pondérale"). Mais ce coup d'arrêt à l'expansion, jusque dans les écoles, de l'implantation des marques, est fort et symbolique. L'Etat est dans son rôle lorsqu'il intervient de cette façon dans l'économie, en imposant des régles et des limites, sans céder au chantage habituel à l'emploi et à la compétitivité des entreprises françaises. Souhaitons qu'il y ait d'autres exemples! 

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